l'hotel Frugès à Bordeaux.
je viens de parcourir le livre que Robert Coustet, spécialiste de l'architecture et des arts décoratifs bordelais, consacre à l'hôtel Frugès aux éditions du Festin ... je vais donc réactualiser mon billet de septembre 2014 et y traquer les éventuelles erreurs!
Journées du patrimoine: une aubaine pour assouvir ma curiosité, le propriétaire du rez de chaussée de la maison Frugès entr'ouvre les portes de son prestigieux domicile.
Cette maison du centre de Bordeaux a fière allure, Robert Frugès un des riches patrons du sucre dans les années 20 entend montrer sa réussite et se porte acquéreur de cet immeuble de style XVIII pour le transcender selon ses goûts et avec les techniques et les arts du XXème. Il refait la façade et modifie les ouvertures:entrée mauresque équipée de ferronneries à la pointe du progrès, bow window au premier et surélévation avec galerie et rotonde.Il fait appel pour cela à un jeune architecte moderniste bordelais,Pierre Ferret.
Une heure un quart d'attente cela permet de bien admirer les éléments de façade! un rez de chaussée sobre sur un sous sol peu visible,premier étage avec bow window, deuxième avec balcons en corniches couronnées de garde corps tout en arrondi, et au dessus une loggia avec des piliers jumelés et balustrade de pierre et, point fort de la façade: une rotonde richement ornée.
enfin c'est l'entrée , cintres orientaux , frises sculptés par Tuffet et appliques de bronze, sans oublier le lustre en pâte de verre de Lalique
vient ensuite le vestibule art nouveau: le sol est orné d'un fabuleux tapis floral en mosaïque de pâte de verre de venise imaginé par Lucien Cazieux et réalisé par Gentil et Bourdet.Le hall etl'escalier sont éclairés par un immense verrière. La rampe en fer forgé d' Edgar Brandt une frise de céramique à motifs d'algues de René Buthaud,et une immense peinture sur panneaux de Lucien Cazieux... nous n'irons pas plus haut, c'est le domaine d'un autre propriétaire, nous ne verrons pas non plus la fabuleuse salle de bain mosaiquée dont on voit les photos sur les magazines, frustrant mais remercions notre hote de nous ouvrir les pièces de jour de son appartement privé.
Henry Frugès industriel propriétaire d'une scierie et d'usines de sucre qu'il importe des Antilles subit de plein fouet l'essor de la betterave à sucre et la grande crise de 29 ,ruiné il est contraint de se séparer de son hôtel et de ses oeuvres d'art; Le cabinet de radiologie qui entre dans les lieux, cloisonne et masque le décor initial pour installer son activité; 50 ans plus tard le nouveau propriétaire en amateur éclairé redécouvre et restaure les trésors enfouis. Nous visitons le petit salon : c'est l'ancienne salle à manger de Frugès avec son passe plat et ses meubles intégrés autour de la pièce, une confortable cheminée coiffée de son chapeau de gendarmes et les peintures qui habillent le plafond et les murs; à coté c'est le salon de musique,il a perdu de sa hauteur mais les colonnettes dégagées et le plancher remis en valeur , nous laissent à deviner la mezzanine qui accueillait les musiciens,tandis que les hôtes profitait de la chaleur de la cheminée à décors orientaux et bancs intégrés. la pergola fait office de troisième pièce et permet de profiter du jardin bercé par les murmures de la fontaine en profitant de la vue sur le jardin en contrebas, du bassin masqué par l'escalier et le banc en mosaïque...les doigts me démangent sur le déclencheur de mon appareil photo, mais je reste discrète,notre guide nous a signalé qu'il n'autorise pas de photos de son intérieur...et nous renvoie au livre qui a été édité sur la maison,Robert Coustet l'Hôtel Frugés à Bordeaux, Sur la terrasse bordées d'arcs et de colonnes à chapiteaux bordés d'un liseret de mosaique or,il m'autorise cependant à photographier la fontaine et le banc.
La visite est bien trop courte , je me serais volontiers attardée devant cette profusion de détails artistiques qui caractérisent le style art nouveau,mais dehors les autres patientent....